Coûts et aides à la production en agriculture biologique

Publié le , par Cote2Boeuf
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Label AB Ecocert

De plus en plus d’agriculteurs et d’éleveurs décident de passer de l’agriculture conventionnelle à l’agriculture biologique. Cela représente une vraie transformation dans l’approche de leur métier mais aussi un coût non négligeable, certes compensé par les aides de la PAC notamment.

 

Cultures en biodynamie sur les hauteurs d'Espalion, à Alayrac, en Aveyron

Petit tour d’horizon des coûts et aides à l’agriculture biologique :

Aides a l’installation et au maintien d’une production en bio

Le programme de la P.A.C (Politique Agricole Commune) de l’Union Européenne pour la période 2015-2020 offre des aides à la conversion et au maintien en agriculture biologique. Elle a pour but de compenser tout ou partie des surcoûts et manque à gagner liés à l’installation ou au maintien en bio.

Ces montants d’aide sont calculés par hectare et les allocations sont gérées par l’Etat et la Région.

Il faut ajouter à ces aides des crédits d’impôts et des aides complémentaires des organismes territoriaux tels que la Région et le Département. (plus de détails sur les aides publiques )Montants d’aides allouées (Source : AgenceBio.org)

Isabelle sur sa ferme de Dilhac, convertie en AB

Oups ! y a plus de sous pour les subventions !

Le nombre d’agriculteurs souhaitant passer de l’agriculture conventionnelle à l’agriculture a connu un boom ces dernières années ! + 17% entre 2014 et 2015 et on attend encore plus pour 2016.

L’attrait des consommateurs pour les produits bio, les crises touchant le secteur agricole et l’envie de produire en accord avec la nature des produits sains, ont fait exploser les demandes de conversion en agriculture biologique.

Problème : les aides ne suivent plus !

Le système des aides fonctionne de la manière suivante : sur les 3 années de conversion en bio, l’Europe verse 75% des aides et la France 25%. Mais l’Europe ne verse les aides que si la France participe ! Et la France peine à suivre…

Résultat : sur les 160 millions d’euros alloués par l’Europe chaque année pour la période 2015-2020, seulement 130 millions ont été « consommés » l’an dernier. Sachant que ces montants ont été calculés en fonction d’une estimation faite avant 2015 sur les conversions en bio et que les demandes de conversion ont explosé, l’Etat se retrouve face à un dilemme : comment continuer à aider les conversions et maintiens aux exploitations en agriculture biologique ?

Les régions planchent donc, à la demande du Ministère de l’Agriculture, sur un réajustement des aides. Mais le dossier est épineux… Doit-on favoriser les conversions et délaisser les exploitations déjà en bio qui participent déjà à l’effort environnemental et à la création d’emplois ? Doit-on plafonner le montant des aides pour éviter que d’énormes exploitations agricoles touchent de fortes sommes (allocations à l’hectare) au détriment des petites exploitations déjà converties ?

Label AB Ecocert

Coûts inhérents au passage en agriculture biologique

Il ne suffit pas de cultiver en agriculture biologique, il faut pouvoir le prouver !

En effet, devenir un agriculteur « bio » implique la certification par un écolabel. Il existe différents types d’écolabels en France mais, mis à part Certipaq, ces organismes sont privés et chargés de vérifier que l’agriculteur respecte bien le règlement européen en la matière. Le principal écolabel en France est Ecocert qui opère auprès de 75% des agriculteurs en conversion ou maintien en agriculture biologique.

Et qui dit privé, dit coût ! La certification à l’écolabel implique des frais d’inscription, une redevance, un audit annuel de certification et des coûts de laboratoire d’analyse qui sont à la charge de l’agriculteur.

Ainsi, les montants varient de 350€/an pour une petite exploitation de 3 hectares en maraichage à 800€ pour une grosse exploitation (montant maximum plafonné).

Au-delà de la partie administrative, produire en bio implique un coût plus important d’achat de nourriture bio pour les animaux pour les éleveurs et un travail manuel et humain plus conséquent induisant l’embauche de personnes supplémentaires.

Pierre, créateur de la Tome aux 3 laits BIO au lait cru, fabriquée Sévérac-le-Château (Aveyron)Alors le bio, c’est rentable pour un agriculteur ?

Si de nombreux agriculteurs souhaitent se convertir en bio, c’est pour protéger l’environnement bien sûr et offrir des produits sains mais c’est aussi pour des raisons de rentabilité. La crise agricole bat son plein, aussi bien au niveau des exploitations laitières que des éleveurs, et le passage en bio offre un prix de vente des produits issus de l’exploitation supérieur au circuit conventionnel.

Mais au-delà du bio, c’est aussi le circuit de vente qui offre une alternative aux agriculteurs. La vente directe à la ferme ou auprès de petits revendeurs offrent des marges bien supérieures à la revente aux agro-industriels.

Chez Cote2Boeuf, nous assistons quotidiennement à cette (r)évolution ! Les Bergers du Larzac (producteurs de fromages de brebis en Aveyron) sont nés ainsi : un groupement d’éleveurs de brebis pour le lait en ont eu assez de vendre leur lait à un prix dérisoire et ont décidé de s’associer pour créer leur propre laiterie et atelier de transformation en fromages. Résultat : des produits de bien meilleure qualité pour le consommateur, une société rentable et prospère et des dizaines d’embauche depuis sa création.

Idem pour Isabelle sur sa ferme de Dilhac sur l’Aubrac : autrefois à 2 avec son mari à gérer leur élevage de vaches laitières en conventionnel, ils ne parvenaient pas à vivre décemment de leur exploitation. Elle décide il y a quelques années de se convertir en bio et de transformer son lait elle-même en fromages et produits laitiers (beurre, crème fraiche, faisselles, fromage blanc, etc.). Résultat : leur exploitation est rentable et Isabelle vient d’embaucher un 5e employé !

En conclusion, le passage en bio est définitivement rentable pour un agriculteur à conditions que les aides européennes et françaises ne flanchent pas… Si vous ajoutez un circuit de vente court (direct à la ferme ou un seul intermédiaire), vous avez là une voie possible pour transformer notre modèle agricole actuel, créateur de produits sains pour nos enfants et d’emplois pour les adultes…